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Intervention du 22/04/13

L’avenir du projet européen dépend de nous tous

Dans les colonnes du quotidien La Croix du 22 avril dernier, Noelle Lenoir livre un message plein d'optimisme sur l'Europe « L’Europe est la réussite des générations qui nous ont précédés. Et en dépit des turbulences qu’elle traverse, elle reste notre projet d’avenir ».

À l’heure où beaucoup d’entre vous s’interrogent sur la solidité de la construction européenne, il est urgent de regarder la réalité en face. Je sais bien que depuis la crise financière et bancaire de 2008, qui s’est hélas transformée en crise économique, sociale et politique dans bien de nos pays, il est de bon ton de dénigrer l’Europe. Pour certains, elle est un continent perdu, une histoire finie. Elle aurait manqué son destin qui était d’être une puissance. Elle se singulariserait même par son impuissance.
La vérité n’est pas celle-là. L’Europe est la réussite des générations qui nous ont précédés. Et en dépit des turbulences qu’elle traverse, elle reste notre projet d’avenir. Envisage-t-on de revenir en arrière ? Imagine-t-on de nous retrancher sur un espace national de plus en plus étriqué à l’aune d’un monde global ?
N’en déplaise à nos partenaires britanniques, l’Europe n’a jamais été conçue pour être seulement un marché. Le marché est utile. La concurrence sur ce marché est un stimulant pour la croissance et l’innovation. Il reste que l’Europe est une œuvre fondamentalement politique. C’est ainsi qu’elle a été conçue par les pères fondateurs, les Monnet, Schuman, Adenauer, de Gasperi, Spaak…
Je regrette pour ma part que beaucoup d’entre nous ne connaissent pas la vie et la pensée de ces visionnaires. Aux États-Unis, évoquer les pères fondateurs de la Constitution américaine est courant dans les débats au Congrès, dans les écoles et universités ou encore dans les prétoires du plus petit tribunal jusqu’à la Cour suprême des États-Unis. Il est temps que de même en Europe, nous fassions nôtre l’histoire de ceux qui nous ont légué un continent pacifié, uni et où les libertés sont garanties.

La paix n’est pas irréversible

Maintenant, vous me direz, la paix en Europe, ce n’est pas notre problème. Elle existe ; elle est irréversible. Non. Il est illusoire de croire la paix irréversible. La question de l’Irlande du Nord, celle de la division de Chypre ne sont pas encore résolues. Les États Baltes – Estonie, Lituanie, Lettonie – trois ex-Républiques de l’Union soviétique qui ont rejoint l’UE en 2004, sont aux premières loges des tensions avec le voisin russe. L’invasion des troupes russes en Géorgie durant l’été 2008 a tout de même été un choc, sans parler de la guerre des Balkans dont les blessures ne sont pas cicatrisées.
Vous me direz alors : admettons que la paix soit un remarquable acquis, mais l’Europe n’a pas pour autant assuré notre prospérité. Bien au contraire, avec un taux de croissance aujourd’hui dérisoire, elle s’enfonce dans une crise qui grossit les cohortes de chômeurs.
Les plus jeunes d’entre vous se sentent trahis. Comment admettre qu’un jeune sur deux en Espagne ou en Grèce ou un sur quatre en France soit mis à l’écart du monde du travail ? Pour autant, ce n’est pas le legs des pères fondateurs. Ce n’est pas la conséquence du libre marché.

La panne de croissance n’est pas l’héritage des pères fondateurs

Cette panne de croissance a d’autres causes : choc pétrolier entraînant une dépendance énergétique coûteuse tant financièrement que politiquement, recentrage du pouvoir économique, et donc politique, en Asie, inadaptation de régimes sociaux, insuffisance des efforts de formation, etc. Or la violence de la crise contraint les États à relever presque tous les défis en même temps : réduire les déficits et retrouver des marges de manœuvre !
Cette souffrance de la crise, l’appauvrissement de catégories entières de la population ne font pas aimer l’Europe, c’est le moins que l’on puisse dire. Les dégâts sociaux et moraux de la crise ne font pas s’aimer les Européens entre eux.
Je déplore que du côté de l’ouest de l’Europe on soit parfois si prompts à incriminer l’élargissement à l’Est. Car cet élargissement est, comme la monnaie unique, un formidable facteur de cohésion. Les gouvernants allemands, au premier chef la chancelière Angela Merkel, ont au demeurant mesuré l’avantage constitué par la création de l’euro et l’intégration dans l’UE des pays de l’Europe centrale et orientale. Cette crise a par ailleurs été l’occasion de mettre en place pour la première fois des mécanismes de solidarité financière et budgétaire.

L’avenir du projet européen dépend de nous tous. Populisme et nationalisme, synonymes de repli sur soi et de haine des autres, n’apporteraient que déception. Choisissons plutôt de faire fructifier le projet européen et de nous l’approprier. Continuons d’inventer l’Europe du XXIe siècle !

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