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Intervention du 26/12/12

La formation tout au long de la vie

La présidente du Cercle des Européens revient sur France Culture sur la question de la formation tout au long de la vie dans sa chronique "Le Monde selon Noëlle Lenoir". En France, 30 milliards d'euros sont en jeu.

Lors de mon récent périple en Chine, ce qui m’a frappée avant tout, c’est l’enthousiasme généralisé, des jeunes et des moins jeunes, pour se former et pour rattraper à vitesse grand V leur retard par rapport aux Etats-Unis ou à l’Europe. D’ailleurs, en bien des domaines, ce retard n’existe plus.

La formation aux métiers et aux savoir-faire, c’est bien la clé de l’avenir, pas seulement en Chine, mais en Europe, et pour commencer pour nous, en France.

On a fêté l’an dernier le 40ème anniversaire de la loi « Delors » sur la formation permanente (Delors était alors secrétaire général de la formation professionnelle au cabinet de Chaban-Delmas, Premier ministre moderniste). Depuis cette loi en 1971, d’autres lois sont intervenues, notamment en 2004 et 2009, pour tenter d’améliorer le dispositif français.

Hélas, rien n’y a fait.

Le budget français de la formation professionnelle est le plus élevé d’Europe – avec plus de 30 milliards (soit la moitié du budget de l’Education Nationale) – et d’après les nombreux rapports parus sur le sujet, de loin le plus inefficace.

Deux exemples :

  • D’une part, en France, chaque salarié bénéficie en moyenne d’une formation tous les 7 ans alors que dans plusieurs autres pays européens, c’est 2 fois par an qu’une telle formation est dispensée en moyenne par salarié ;
  • D’autre part, tandis que 45% des salariés en France ont accès à la formation professionnelle, ce chiffre oscille le plus souvent entre 60 et 70% ailleurs en Europe. Notamment au Nord de l’Europe et en particulier dans les pays scandinaves.

« Payer plus pour faire moins bien ! » C’est la devise de la maison. Eh bien, refusons la ! Au moment où gouvernement et partenaires sociaux s’attellent à la sécurisation de l’emploi, il est temps de tirer le meilleur parti des ressources considérables de la formation professionnelle, comme outil de reconversion et d’adaptation aux nouveaux métiers d’abord, mais aussi comme instrument indispensable de promotion sociale et d’épanouissement pour tous.

En fait le dispositif de la formation professionnelle en France joue à rebours en creusant, lorsqu’il fonctionne, les inégalités qu’il est censé contribuer à réduire:

  • Les femmes et les séniors profitent moins que les autres des bienfaits de la formation. Or les femmes notamment qui ont élevé des enfants et souhaitent retourner à l’emploi en ont besoin plus que tous autres.
  • Chacun sait également qu’une deuxième chance est rarement donnée aux 160 000 jeunes qui sortent en situation d’échec du système scolaire. Le Premier ministre vient de visiter l’école de la 2ème chance qu’avait créée à Marseille Edith Cresson dans le cadre du programme européen Leonardo. C’est très bien, mais c’est une goutte d’eau dans un océan.
  • Plus grave encore : est-il normal que les chômeurs aient sensiblement moins accès à la formation professionnelle que les salariés les plus qualifiés qui en bénéficient le plus ?

Cela suffit !

La formation professionnelle relève d’un principe constitutionnel, proclamé comme « particulièrement nécessaire à notre temps » par le Préambule de la Constitution de 1946 en vigueur aujourd’hui. L’Union européenne elle-même a des compétences non négligeables en la matière fondées sur le traité européen.

Or malgré son budget pléthorique, la formation professionnelle, cela ne marche pas chez nous. Il ne m’appartient pas d’analyser les causes du gâchis. Elles sont parfaitement décortiquées et commentées par divers rapports, depuis celui la Cour des comptes jusqu’au rapport Perruchot à l’Assemblée nationale, en passant par celui du Sénat. D’ailleurs au passage, le fait que le rapport , par ailleurs facilement consultable sur internet, ait été interdit de publication officielle n’est pas un signe favorable à une volonté politique de remédier aux dysfonctionnements actuels. Il porte sur le financement des syndicats d’employeurs comme de salariés, mais il est le premier à avoir véritablement énoncé des propositions concrètes pour rendre moins opaque le système de la formation professionnelle. Il me paraît être d’intérêt public de lui donner toute la publicité requise.

Au-delà de cela, il est important de relever que tous ces rapports convergent, non seulement pour dénoncer certaines fraudes, mais surtout plus fondamentalement pour appeler à plus transparence et d’efficacité dans la gestion dans la gestion du système français de formation par les organismes paritaires.

Le taux de chômage actuel dans notre pays, qui frise les 10,5%, n’est pas soutenable pour des démocraties sociales comme les nôtres en Europe : la France compte 4,6 millions de demandeurs d’emploi, et 2,2 millions de bénéficiaires de l’assurance chômage. Faisons- donc et vite de la formation tout au long de la vie, un levier pour une transformation sociale et économique qui ramènera emplois et pouvoir d’achat.

« Il n’est de richesse que d’hommes » disait déjà Jean Bodin au 16ème siècle. Cela n’a pas changé. Ce qui a changé en revanche, c’est que les fonds destinés à des missions d’intérêt collectif comme la formation ne pourront pas éternellement s’enfler d’année en année, et qu’il est plus impératif que jamais de les utiliser au mieux pour le bien commun ! 

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