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Entretien du 14/10/09
Elisabeth Morin-Chartier
Députée européenne (PPE-France)

C’est aussi au niveau européen que l’on peut soutenir l’emploi dans la crise économique

 Vous venez d’être nommée Vice-coordinatrice des députés PPE au sein de la Commission de l’Emploi et des affaires sociales. Pouvez-vous nous indiquer en quoi consiste ce poste clé, bien que peu connu du grand public ?

Le travail de Vice-coordonnatrice est important : je suis chargée de représenter mon groupe politique (le groupe du Parti Populaire Européen), lors des discussions relatives au déroulement du travail de commission : cela inclut l’attribution de rapports et d’avis au groupe. Je suis aussi chargée de travailler avec les rapporteurs pour coordonner la position du groupe sur chaque dossier. Nous sommes également les porte-paroles du groupe au Parlement et en dehors sur les dossiers que nous traitons. Notre rôle est très important car nous donnons la ligne politique du PPE à l’ensemble des députés de notre groupe politique dans les 27 Etats membres.

Vous siégez depuis 2007 au sein de cette Commission. Selon vous, les compétences limitées de l’UE en matière sociale, lui permettent-elles néanmoins de répondre aux attentes des citoyens en cette période de crise ?

La construction de l’Europe sociale, c’est mon engagement personnel. C’est aussi au niveau européen que l’on peut soutenir l’emploi dans la crise économique et défendre la convergence des droits entre les 27 Etats membres. Je suis personnellement très heureuse de participer à la construction de l’Europe sociale, c’est un vaste chantier qui correspond à mes idées. Nous devons faire avancer 27 pays à des niveaux de développement sociaux différents avec des écarts de protection très importants. L’Europe sociale ne peut se résumer à certains discours qui tendraient à faire croire aux citoyens que nous harmonisons vers le bas, c’est totalement faux, nous tirons vers le haut ceux qui sont le plus en retard tout en respectant les possibilités d’adaptation de l’Etat aux exigences de progrès social. A vouloir aller trop vite, nous pourrions créer plus de dégâts que de progrès. Mon travail, c’est désormais de faire avancer le droit conformément aux évolutions de la société, aux attentes et au mode de vie des citoyens

Prenons l’exemple du Fonds social européen (FSE) qui a été mobilisé pour répondre concrètement à la crise. Nous avons simplifié les critères d’attribution et accéléré le versement des avances pour que les États membres puissent accéder plus rapidement à une enveloppe pouvant atteindre 1,8 milliard d’euros. Cela a permis de renforcer rapidement, dans le cadre des stratégies de flexicurité, les plans d’activation, en particulier pour les personnes peu qualifiées, en prévoyant des conseils personnalisés, une formation/reconversion intensive des travailleurs et l’amélioration de leurs qualifications, des programmes d’apprentissage, des emplois subventionnés ainsi que des subventions au démarrage d’activités indépendantes et d’entreprises. Comme vous le voyez l’Europe et les Députés européens plus spécifiquement, agissent en faveur des citoyens européens.

En février dernier, vous avez été rapporteur (pour avis) du Plan européen pour la relance économique. Ce plan est-il suffisant ? A-t-il un réel impact ?

En premier lieu, je tiens à préciser que j’étais rapporteur sur le volet social du Plan européen de relance économique ; les mesures que j’ai précédemment citées, ont commencé à porter leurs fruits, même si les résultats ne sont pas encore très visibles. Nous avons mis en œuvre un plan de relance de 200 milliards d’euros qui est venu accompagner les plans de relances nationaux auquel nous allons encore ajouter 5 milliards d’ici la fin de l’année. La stabilité de la zone euro nous a permis de traverser cette crise sans dégâts irréversibles ; je regrette toutefois, que, sur le plan social encore trop d’entreprises et de travailleurs fassent les frais de l’inconscience des financiers qui ont spéculé sans raison garder.

L’effet positif de cette crise, c’est le réveil des politiques qui ont repris en main l’avenir de notre planète, je ne peux que me féliciter de l’impact de la présidence française de l’Union européenne, le Président de la République a redonné toute sa place au politique. L’Europe est aujourd’hui aux avants postes de le réforme financière du monde et impose des nouveaux modèles financiers comme on l’a vu lors de la dernière réunion du G20 ; sur ce dernier point l’entente franco-allemande est un atout formidable.

Comment interprétez-vous l’annulation du Sommet sur l’emploi en mai dernier, sous présidence tchèque, finalement réduit à une simple rencontre entre la présidence tchèque, la Commission et les partenaires sociaux ?

Annuler un tel sommet n’était pas de nature à donner un signal positif aux travailleurs. Cette faute incombe à la présidence tchèque qui est engluée dans ses propres problèmes de politique intérieure ; elle n’a pu donner la hauteur nécessaire à cette étape importante de dialogue social. Toutefois, je vous le répète une nouvelle fois, la construction de l’Europe sociale est affaire de patience et d’un travail permanent ; c’est ce sur quoi je suis engagée aujourd’hui.

Vous avez promu la révision du fonctionnement du Fonds européen d’ajustement à la mondialisation. A quoi sert vraiment ce Fonds aux moyens limités ?

Voici un nouvel exemple d’action en faveur des travailleurs. Le Fonds d’ajustement à la mondialisation a été réorienté afin de pouvoir intervenir plus rapidement dans des secteurs stratégiques, soit pour cofinancer la formation et le placement des personnes licenciées soit pour garder sur le marché du travail les travailleurs qualifiés qui seront nécessaires lorsque l’économie commencera à se redresser.

Ce Fonds ne peut être regardé aux seuls moyens dont il dispose, mais comme un véritable levier d’action en faveur des travailleurs en situation difficile. Nous accompagnons aujourd’hui de nombreuses entreprises au bénéfice des employés et cela a permis de sauver des milliers d’emplois.

La stratégie de Lisbonne doit être révisée en 2010. Ses résultats sont médiocres et sa méthode peu probante. Est-elle vraiment amendable ? Si oui, comment l’améliorer notamment en ce qui concerne les objectifs sociaux et l’emploi ?

Je défends les objectifs de la stratégie de Lisbonne : aller vers la société de la connaissance, conforter l’employabilité des salariés par la Validation des Acquis de l’Expérience et la formation tout au long de la vie, veiller à l’intégration professionnelle pour assurer l’intégration sociale, soutenir la mobilité professionnelle et développer la compétitivité de l’Europe : les objectifs de la stratégie de Lisbonne doivent permettre à chacun l’intégration professionnelle seule garante de l’intégration sociale.

En eux mêmes les objectifs sont des objectifs justes mais pour être plus efficace la stratégie de Lisbonne doit s’imposer systématiquement à chaque niveau national et pour être encore plus efficace elle doit se décliner en objectifs opérationnels au niveau de chacune des régions d’Europe. C’est l’articulation des niveaux européens, nationaux et régionaux qui seule peut garantir l’atteinte des objectifs.

L’Europe a beaucoup fait en faveur de l’égalité hommes/femmes. Que reste-t-il à faire en ce sens, et quelles sont vos priorités en tant que Vice-présidente de la Commission droits de la femme et de l’égalité des genres ?

J’ai particulièrement à cœur de faire avancer les droits des femmes et l’égalité femme-homme, et tout spécialement de faire progresser la conciliation de la vie professionnelle et familiale. La réduction des différences de salaires entre les hommes et les femmes sera aussi une de mes préoccupations majeures. Je suis totalement investie dans cette commission.

L’Europe peine à sortir de la crise institutionnelle née du non français au référendum de 2005 sur le traité constitutionnel. Le pas du traité de Lisbonne n’est pas encore franchi. Comment voyez-vous l’avenir de l’Europe en l’absence d’une vision commune entre les Etats ?

Sur ce dernier point, je ne partage pas votre analyse : Quand il y a volonté politique, l’Europe avance ! Si nous connaissons des difficultés politiques à la mise en œuvre, il y a malgré tout et depuis le vote en faveur du Traité de Lisbonne par les irlandais et la ratification par le président polonais une véritable opportunité de voir l’Europe démocratique avancer. Plus rien ne doit s’opposer à ce que les citoyens européens puissent bénéficier d’une Europe plus forte, plus démocratique, plus proche et plus efficace.

Quant à l’absence de vision commune, je ne la partage pas non plus : ne regardons pas la construction européenne avec un prisme franco-français ! La route est certes longue et semée d’embuches mais cela reste encore et pour longtemps le plus beau projet politique jamais mis en œuvre. Pour moi ce qui nous réunit aujourd’hui à 27, c’est la paix. Si nous n’avions pas eu l’Europe et une présidence française politiquement forte en été 2008, oui, nous pouvions retomber dans le syndrome de la guerre. Nous avons pu l’éviter grâce à l’Europe. De plus, j’ajoute que lorsque le couple franco-allemand fonctionne pleinement comme c’est le cas actuellement, l’Europe avance.


 

Informations sur Elisabeth Morin-Chartier
Elisabeth Morin-Chartier est Députée européenne (PPE) depuis 2007 et a été réélue en juin 2009 dans la circonscription Ouest. Elle est membre et Vice-coordinatrice de la Commission de l’Emploi et des affaires sociales et membre suppléant et Vice-présidente de la Commission des Droits de la femme et de l’égalité des genres.
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